/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 28-06-17

« Elles & Barbara » – « Elles & Barbara »

Voilà déjà 20 ans que Barbara nous a quitté et pour fêter ce triste anniversaire, le label Mercury a eu la bonne idée de faire appel à une pléiade d’artistes féminine pour un album hommage intitulé « Elles & Barbara ». Placé sous le haut patronage d’Edith Fambuena, cet album atteint pleinement son objectif en réussissant à garder une approche créative et travaillée de chansons pour la plupart inscrites au patrimoine français.

« Elles & Barbara » - « Elles & Barbara » : La chroniqueC’est donc Zazie qui ouvre le bal avec une très bonne reprise de « La Solitude ». La française se faufile dans un rock tout en retenue qu’elle fait évoluer pas à pas pour mieux nous envelopper dans une composition que l’on redécouvre à chaque accord. Elle n’en fait pas trop et mesure son effort et son instrumentation pour ne pas tomber dans l’excès ni dans le tout venant. Un joli exercice d’équilibriste qu’elle réussit avec panache.

C’est d’ailleurs une constante rarement prise en défaut sur cet album. Chaque artiste réussit à porter dans son univers la reprise qui lui a été désignée. Ainsi Jeanne Cherhal apparait frissonnante sur un « Nantes » vibrant tout en finesse et tristesse. Voix tenu, presque un souffle, piano touche à touche au touché rond et délicat, la chanson s’ouvre doucement et nous inonde de sa tristesse et de sa mélancolie originelle. Jeanne Cherhal colle au plus prêt d’un a cappella pour mieux donner leur poids à ces mots choisis. Piano solennel couplé à la chaleur d’une guitare tout en sobriété, le ton monte peu à peu et réussit à tapisser de ses notes une composition frêle.

La suite est à l’avenant, que cela soit sur « Si la photo est bonne » chanté par une Dani à la voix grave et tourbillonnante ou sur « Soleil Noir » interprété par une Angélique Kidjo dynamique dont le yéyé soul et jazz nous apparait proche d’un Nougaro féminin. On oublie presque la voix de Barbara et l’on se glisse dans l’univers que nous propose ces artistes dont les constructions créatives donnent une nouvelle vision de ces textes si emblématiques. De la même façon, Louane est parfaite dans son rôle apportant à « Mon enfance » une mélancolie folle. Fin et ciselé la prose de la longue dame brune se délie avec majesté sous les vocalises sobres et fines d’une Louane en état de grâce donnant vie de sa voix voilée à une composition toujours aussi touchante.

A côté de ces artistes complètes, certaines performances de chanteuses apparaissent un peu fades. C’est le cas de Julie Fuchs qui se fait happer par l’interprétation originale de « Gottingen » qu’elle réussit seulement à copier sans grande conviction. De la même façon, Nolwenn Leroy passe à côté de son interprétation de « Dis quand reviendras tu » en nous proposant une version sans relief aucun. Sans jamais se chercher, elle copie platement et de façon très professionnelle l’approche distante sans y apporter sa touche, sa vision. Mais c’est à Virginie Ledoyen que revient la palme, avec une reprise de « Cet Enfant la » sans emphase et sans envergure.

Sobre, tranchant et fin cet hommage fonctionne parfaitement. Les 17 artistes invités pour l’occasion jouent pleinement le jeu au travers de reprises le plus souvent remaniées pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Ce « Elles & Barbara » nous surprend de sa fraîcheur au travers d’interprétations aux univers multiples et créatifs. A la lecture de ces quelques titres, une chose apparait grandissante et diablement vivante c’est cette force que Barbara a su insuffler à ses textes toujours autant d’actualité parlant avec finesse et délicatesse de ses souffrances nostalgiques.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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