Signé sur le label Tôt ou tard dès 1997, Dick Annegarn à depuis lors enchaîné les albums. Il propose en ce début du mois d’avril le 8ème au sein de cette maison. Coaché par Vincent Frerebeau, le néerlandais a fait un tri dans ses titres afin de nous livrer un « Vélo Va » intimiste, synthétique et emplit d’une douce mélancolie.

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Dès les premiers accords de « Oracle », la voix caractéristique de Dick nous saute aux oreilles. Rugueuse, brute, mal équilibrée, elle fait plus que jamais le charme de cet homme ayant traversé les épreuves. Supportée par les arrangements toujours délicats de Freddy Koella, elle se met en scène apportant à l’univers du néerlandais un côté désuet et vintage. Mélodique, elle apparaît d’une douceur à tout épreuve malgré cet accent à couper au couteau.

Antimilitariste sur ce premier titre, écologiste et pourfendeur du vélo sur le très Yves Montant « Vélo Vole », Dick Annegarn apparaît engagé dans une approche poétique sincère. Portant ce que d’autres appellent la ringardise au rang d’art brut, il l’assume pleinement sur ses titres aux couleurs pastels.

À l’image de sa pochette, où il apparaît sans fard éclairé d’une lumière crue, il se dévoile tel qu’il est, imposant de sa voix seule un véritable respect. Pratiquement à capella sur le très conceptuel « Prune » ou l’ethnique « Brahim Alham », il met en avant cette voix cassée, rustique qui, à l’image de ce visage parcheminé, porte en elle l’histoire de cet homme.

La simplicité des arrangements et des structures mettent à nu la personnalité si créative du néerlandais. Dévoilant à demi mot ses blessures, son chemin de vie et ses expérience au travers de titres imprégnés d’une sincérité à fleur de peau, on le découvre en formidable conteur, presque griot.

Dick Annegarn semble se couler dans un rôle de sage sur ce « Vélo Va » tendre et chaleureux. Faisant tour à tour sourire, racontant ses souvenirs par le prisme de son expérience et de ses convictions, parfois radotant, il y a une humanité folle dans chacun des titres. Emprunt d’un sentiment de vérité, « Vélo Va » apparaît à la fois fou, tendre, drôle mais toujours sincère.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com