Artiste français malheureusement trop méconnu, David Lafore nous propose en cette rentrée son 3ème album à la pochette improbable voire mystérieuse. Tel un clown désenchanté, le Français nous emporte dans son univers décalé et touchant aux confins de la chanson française qu’il agrémente d’une pop soignée et pétillante.

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Rythmique années 80 aux réverbs présentes et aux sonorités synthétiques, David Lafore ouvre le bal avec « Choses » sorte d’ovni pop à la musique travaillée et à la pop acidulée. Diction faisant penser à Philippe Katerine, diatribes vocales dignes d’un Gérald Gentil, on découvre de suite un artiste complet se jouant avec audace de la langue française. Car l’artiste construit un univers atypique où chaque mot possède sa propre vie et sa sonorité spécifique.

S’amusant avec le dérisoire et tournant en dérision une chanson française parfois un peu rigide et pompeuse, il désacralise avec malice le milieu en faisant fi de cet héritage trop lourd que sont les Brel, Brassens et autres Gainsbourg. Dans une approche innovante et fraîche, il bâtit une musique décalée et loufoque dont on se plait à écouter les liés et déliés. S’amusant de thèmes graves ou sociétaire « Assassinat » ou « Dodu », il réussit à nous faire sourire par son approche gentiment piquante.

Singeant avec beaucoup de justesse la variété 60’s sur un « Je te Garde » au swing revigorant, David Lafore nous ballade dans son monde atypique dont on tombe vite amoureux. On n’est donc pas surpris de le savoir collaborateur du fantasque Bruno Podalydès dont il a signé la musique de son long métrage « Banc Public » . Attachant, David Lafore possède une personnalité hors norme qu’il réussit à retranscrire dans une approche pop des plus jouissives.

Proposant des morceaux de plus en plus barrés, le Français s’amuse à faire danser Père Dodu « Dodu », se transformer en « Petite Culotte » ou devenir chat sur le très félin « Minou ». Possédant une liberté de ton rare, David Lafore se plait à brouiller les pistes en nous proposant sur « Nuit d’Eté » ou « In the Car », une folk posée, gracieuse et noble.

Doucement décalée, joliment absurde ce nouvel album de David Lafore résonne comme un échappatoire en cette période troublée. Jouant avec les mots et leurs sonorités, il construit un univers doux et perméable rappelant beaucoup des artistes à la marge tels Philippe Katerine ou Gérald Gentil. Sans être une seul fois gnangnan ni mièvre, il multiplie les idées pétillantes pour un rendu à la fois amusant et innovant. On s’amuse de sa douce folie qui donne un coup de frais à la pop un peu insipide et sérieuse du marché musical actuel.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com