/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 02-04-17

Daprinski – « Chorégraphies de l’ordinaire »

Originaire de Saint-Lô et déjà auteur de plusieurs EP dont le très bon « Le corps d’un homme », Daprinski nous revient cette fois-ci pour un album complet au concept cinématographique puissant. À l’image de cette pochette digne d’un thriller, le français nous propose une musique à l’orchestration folle et à la pop puissante.

Travaillant cet album comme un tout extrêmement cohérent, le français nous propose sa variété pop dans un écrin feutré possédant une ouverture, un final ainsi que de nombreux intermèdes. A l’image d’un concert, l’album retrouve chez Daprinski sa fonction originale en devenant une œuvre à part entière. Les morceaux ne s’enchaînent pas sans logique mais trouvent au sein de cet écrin une véritable place.

Travaillant une musique éminemment cinématographique, Daprinski nous ravit de son approche grandiloquente d’une pop à l’intimité toute relative. On se plait à se laisser emporter par cette approche classique et dramatique d’une musique toujours juste et fine. Variété pompeuse pour certains ou grandiloquente pour d’autres, la musique du Saint-Lois ne laisse pas indifférente. Brillantes et excessives, les compositions du français excellent dans cette approche clivante assez difficile à imposer en France, sorte de grandiloquence affichée qui pourrait passer pour du snobisme mais qui est en réalité un art d’être musical.

Multipliant les couches de violons et d’instruments à vent le français réussit à ne pas en faire trop et à le bon goût de travailler des orchestrations pour les rendre extrêmement digestes à l’image du titre « Le dernier homme ». Dans une chanson française de son temps, Daprinski joue de son univers à l’electro fine pour nous emporter dans un « Pleurs sur la ville » qui apparaît comme son meilleur. Puisant dans une approche synthétique extrêmement travaillée il réussit à s’accaparer ce son sans tomber dans le clone du tube 80’s très à la mode en ce moment.

Dans une pop aux mélodies enivrantes, la voix de Daprinski vient appuyer cette mélancolie sous jacente excessivement brute. On pourra le taxer de faire dans le stéréotype mais force est de constater que son approche fonctionne plutôt bien et nous emporte dans un voyage aux relents d’enfance et de souvenirs. Maître en ce qui concerne l’instrumentation, le français met sa connaissance de la composition au service d’une pop merveilleuse et orchestrale comme on en voit rarement dans la chanson française.

Daprinski dessine avec emphase un quotidien sublimé. S’aidant de la magnifique Shan Jiang, il nous fait voyager dans un univers doux et feutré aux chansons sophistiquées mais possédant ce je ne sais quoi de classieux. On se plait à se perdre dans cette instrumentation orchestrale qu’il caresse de sa voix rude au grain émoussé. Daprinski ne répond à aucune mode mais trace son chemin au travers d’une approche qui lui est propre et qu’il suggère dans une electro gracieuse et aux envolées sublimes.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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