/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 04-06-15

Bigflo et Oli – « La Cour des Grands »

Florian et Olivio Ordonez à la vie civile, Bigflo & Oli sont deux frères toulousains qui nous proposent un premier album événement. Âgés respectivement de 19 et 22, les Français se dévoilent dans un album rap loin des clichés que l’on colle aisément à ce style. Ici point de bombes latinos, ni de grosses voitures, seulement une auto dérision salvatrice et une sincérité qui ne se dément dans aucun titre : les Toulousains impressionnent de leur maturité.

Avec un single dépassant le million de vue sur Youtube, les frangins n’ont clairement pas de soucis à se faire. Pourtant ils avouent bien aisément un vrai stress quand à l’accueil qui sera réservé à ce premier opus. Dès « La Cour des Grands » le ton est donné, ne cachant pas leur ambition dans un premier morceau au titre équivoque, les Français nous proposent un rap simple et efficace.

Loin des standards d’un rap mettant à avant une virilité guerrière, ils se posent en antihéros. Dans cette recherche de sincérité, Bigflo & Oli apparaissent en rappeur « normaux » personnifiés pleinement dans un « Comme d’hab » très juste et extrêmement addictif. Égrenant avec malice les déboires habituels d’un groupe de potes, les Français parlent de la vraie vie sans emphase démesurée.

C’est cette approche pragmatique dans un style habitué à la grandiloquence qui rend Bigflo & Oli atypiques. Abordant des thèmes complexes que sont l’avortement « Le cordon » ou la jeunesse désœuvrée sur « Nik ta Mère », les frères apparaissent à l’aise et possèdent une plume en devenir. On est de suite touché par ces deux jeunes faisant un rap qu’ils définissent comme « différent ». Véritable credo de cet album, les Toulousains réussissent un opus complet rappelant beaucoup leurs maîtres d’IAM ou McSolaar dans leur façon de dénoncer avec classe et sans véhémence des situations problématiques.

19 et 22 ans, les deux jeunes sont pourtant bluffant dans leur approche mature d’un monde qu’ils semblent embrasser de leur flow rythmé. Cette jeunesse se ressent tout de même dans des titres pleins de bons sentiments tels ces « Bouchon » ou « Marco » un peu sirupeux. Malgré cela, mélangeant avec habileté variété et rap, les Toulousains racontent leur quotidien sans misérabilisme ni emphase. Loin du mépris de Booba ou des muscles d’Eminem, Bigflo & Oli apparaissent normaux, chose que l’on avait oublié dans le milieu du rap.

« C’est pas du rap… ». À l’image de ce dernier titre, certains rigoristes trouveront que cette musique dérive vers une variété rappée. Peut-être mais après tout on s’en fout, les titres nous touchent, l’approche est sincère et le flow nous entraîne. Ces deux là iront loin!

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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