Nouveau projet de Frankie Rose (ex-Dums Dums Girl), Beverly est le résultat de sa collaboration avec la jeune peroxydée Drew Citron. Le résultat est un album de rock énergique et rafraîchissant surfant sur un son très 90’s. Pourtant ces deux là savent y faire et, loin de nous présenter un énième hommage à ces années rock, proposent une musique des plus créatives.

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À première vue il serait facile de classer Beverly dans ce style rock garage très représenté et n’offrant que peu d’originalité. Ainsi le lourd démarrage de « Madora » n’est pas pour nous réconforter mais plus le titre avance et plus l’on se sent happer par ce rock entre surf et garage. Ligne mélodique recherchée et vite addictive, voix aériennes, instrumentation puissante, le trio apparaît à l’aise dans un style sur-représenté.

Cachant, sous des dehors très classiques, des pépites instrumentales, les Américains impressionnent par cette façon à rendre chaque titre unique. Ainsi sur « Honey Do », ils mêlent mur du son très garage rock et voix éthérée pour un rendu des plus percutants presque porteur sur un refrain en forme d’hymne. On pense de suite aux sonorités des Dandy Warhols notamment dans cette approche très noire et esthétique d’un rock un peu sale.

Enchaînant les titres survitaminés au tempo soutenu, la bande de Drew Citron joue sur des sonorités que n’aurait pas reniées Kurt Cobain. Dans un rendu très grunge sur « Planet Birthday » ou le très anxiogène « Ambular », les claquements de basses, la voix tonitruante de miss Citron, les guitares en roue libre et le rythme martelé réussissent pourtant à ne pas sonner entièrement 90’s. Sans tomber dans un rock de masse mollasson et gluant, ils produisent une musique énergique et travaillée n’hésitant pas à casser leur rythmique pour mieux relancer la machine.

À l’image du très court « Out on a ride », les américains n’hésitent pas à concentrer leur créativité sans se perdre en longueur. Ainsi passant tout juste la barre des 2 minutes, on se retrouve propulsé dans un rock abrasif entrecoupé de parties plus lentes et mélodiques. Utilisant à bon escient une électro discrète sur « Honk Kong Hôtel », ils réussissent un mélange bien dosé qui apporte au tout une véritable puissance.

« Careers » concentre en quelque titres le meilleur du rock actuel. La blondeur de Drew Citron ne semble avoir d’égale que son énergie créatrice emportant tout sur son passage. Excessivement pop et bien tourné sur ce 10 titres, Beverly apparaît au grand jour maîtrisant pleinement les canons du genre tout en gardant un fond de rock brutal. Les New-Yorkais nous offrent une musique rafraîchissante, en mouvement et rapidement addictive.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com