/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 11-09-15

Beirut – « No No No »

Beirut, ce nom de groupe n’a pas été choisi par hasard. À l’image de cette ville aux multiples confessions et aux conflits fréquents, la musique de Zach Condon possède cette richesse culturelle lui permettant de faire s’entrechoquer sonorités tziganes à une pop orchestrale ou mélodies des Balkans et folk chaleureuse. 4ème album depuis ses débuts en 2006, ce « No No No » comble toutes nos attentes malgré quelques morceaux pour la première fois un peu en deçà.

Véritable style à lui tout seul, Beirut réalise une musique atypique mélange de nombreuses influences traditionnelles qui synthétisées donnent une sorte de folk inclassable. C’est donc dans cette approche hors norme que s’ouvre ce nouvel album avec « Gibraltar » qui doucement tribal, au travers d’une introduction rythmique, nous renvoie à cet univers où le piano prend le pas sur une voix enveloppante au timbre unique.

Magique sur un « No No No » éponyme qui nous éclabousse de ses mélodies claires et à la mélancolie toujours très présente, l’Américain écrit avec une fraîcheur folle une musique simple d’abord qui se délie avec finesse dans nos oreilles. On y retrouve cette ambiance des Balkans au travers de cuivres plaintifs qui font la beauté de cette musique.

Que cela soit sur « At Once » ou le magnifique « So Allowed » qui clôture admirablement bien cet album, Zach Condon s’impose à nous de son timbre marqué nous enveloppant de son sens inné de la mélodie. Il tisse ainsi avec un sens aiguë des harmonies, un titre lent et voluptueux qui ne cesse de nous surprendre au fil des écoutes.

Pétillant sur un « August Holland » au piano un peu lisse, Beirut ne s’interdit pas une pop plus conventionnelle mais non dénuée de charme. Ludique dans ses mélodies et dans ses structures musicales, il nous emporte progressivement dans son univers cotonneux et ample. Cette joyeuse mélancolie en forme de reconstruction perpétuelle (l’image de la ville libanaise est encore là très présente) fait vite place à une tristesse parfois sans commune mesure propre aux déboires du leader.

Malgré quelques titres un peu en deçà, mécaniques et répétitifs (« Pacheco » ou « Perth ») ce nouvel album de Beirut reste un must. Gracile et doux, il nous propose 9 titres possédant un charme intemporel, une sorte de grâce contenue qui nous étreint à chaque accord. Incorporant au tout cordes et instruments à vents, il construit des compositions montant progressivement en puissance et s’épanouissant pleinement dans une pop bancale. On se laisse une fois de plus porter par cette fraîcheur, cette façon d’aborder une musique aux déliés vaporeux.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com

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