Véritable légende de la chanson française, Daniel Balavoine fut de tous les combats et portait dans ses chansons son goût pour la revendication. Pour les 30 ans de sa disparition, Universal nous dévoile un album hommage en forme de karaoké raté qui réussit seulement à nous faire aimer les titres originaux.

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C’est Zaz la première qui s’y colle et vient s’empaler sur un « Tous les cris les SOS » plat et sans finesse qu’elle tente désespérément de rattraper de sa belle voix cassée. Dans une approche terne et sans originalité le titre rend ennuyeux un tube en puissance. Chapeau bas !

La suite n’est pas meilleure… Dans une théâtralité vulgaire Zaho ne fait que confirmer le parti pris de cet album de reprises à bas coût. Mélangeant à grand coût de « Oh Oh » et de « Ah ah » les paroles de « Sauver l’amour », elle impressionne de son manque d’audace.

Chaque titre semble passé au bistouri d’un chirurgien esthétique négligeant. Tirées de partout, les coutures lâchent et découvrent une production standard et ennuyeuse. Même Raphaël ne réussit pas relever le niveau. Pris au piège d’une instrumentation sans véritable profondeur, il n’est que l’ombre de lui même et se perd dans une composition complexe sur un « Soulève-moi » qu’il tente de copier en vain.

Seuls Ours et Christophe réussissent à se sortir de ce bourbier. Ainsi Ours nous propose une version pétillante de ce « Je suis fou » méconnu. De sa voix caressante, il dépoussière avec beaucoup de candeur un titre bien arrangé. Christophe de son côté insuffle à « Lucie » une grandeur sereine et délicate, sorte de tâche dans cet album lisse.

Loin d’apporter leurs propres univers, les artistes, à quelques exceptions près, épousent avec pathétisme le moule d’une musique sans intérêt. Véritable album de producteur, l’hommage affiché à Balavoine se transforme vite en coup commercial. Celui qui durant une dizaine d’années fut le trublion de la chanson française par ses textes et son engagement doit se retourner dans sa tombe à l’écoute de cet album plat et sans finesse.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com