/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 18-01-16

Arno – « Human Incognito »

Véritable légende belge, Arno à longtemps été une star de l’underground rock suivi par un public fidèle et tout acquis à sa cause. Délivrant de véritables chefs-d’œuvre au rock granuleux, il a pu au fur et à mesure de ses sorties toucher un public de plus en plus large sans jamais se renier. Possédant un univers atypique et corsé, il nous présente son nouvel album intitulé « Human Incognito » au blues rock ravageur.

Le swing brinquebalant du belge nous hypnotise dès ce premier « I’m just an old motherfucker » à l’acoustique étudiée dans lequel il nous subjugue de sa science de l’instrumentation. Dans une approche sobre et lumineuse, Arno nous propose un rock aux formes rondes mais au fond tranchant dont les diatribes ancrées dans le réel nous font vaciller.

Travaillant une matière musicale multiple, mélangeant rock gras et électro vintage, le Belge dessine des compositions attractives, sèches et oppressantes qu’il se plait à rendre mélodieuses de sa voix sans âge et rocailleuse. Sans jamais céder aux sirènes de la facilité et du commercial, Arno traîne son rock crasseux dans des écrins à sa mesure. Faisant fi des modes actuels, il dessine avec nervosité une musique aux mélodies répétitives extrêmement bien ficelée comme ce « Please Exists » tonitruant.

À l’image de ses excès, la musique d’Arno possède une grandeur d’âme enfantine. Semblant découvrir à chaque instant l’extrême noirceur de l’âme humaine, il nous touche sur un titre comme « Je veux vivre » où il mêle rock et naïveté dans un tout à la grâce folle. Naviguant entre français et anglais, le Belge construit un album d’où transparaît un mélange de culture propre à l’Europe.

Toujours très percussif et percutant, le rock chaloupé d’Arno navigue entre chanson française classieuse et rock baveux. Ce mélange des genres fonctionne parfaitement sur des titres au refrain fou tel ce « Oublie qui je suis » à la décadence huppée. De la même façon, sur le très Gainsbourien « Dance Like a Goose » au travers d’une basse en avant clinquante et sobre, de claviers vintages aux sonorités fleuries, d’une voix traînante, Arno dessine un univers entre vulgarité et bonne manière qui est la marque des grands. Sur ce titre vaporeux et léger, le Belge pose sa voix baveuse et rock en contradiction complète avec le sujet, le résultat est un titre d’une puissance inouïe qui nous fait un bien fou.

Poète du quotidien, Arno se démène dans un rock à sa mesure, combinant pop et chanson française avec une grâce infinie. Sous des dehors brusques et patauds, l’artiste construit une œuvre fragile et éphémère excessivement attachante. Il nous emporte dans une vision sans chichi d’un rock loin des sentiers battus. Dominant de sa voix rocailleuse et postillonnante des compositions justes et brutales, il nous propose un album dans la droite ligne de ses précédents opus mélangeant absurdités et vérités frontales dans un tout jouissif. On est comme hypnotisé par cet artiste entier possédant son univers propre et puissant.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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