Découverte en 2010, Anna Calvi sort en ce début de mois d’octobre son 2ème album. Passant du rock symphonique à la pop de chambre un brin lyrique, la jeune anglaise nous sert un album extrêmement cohérent porté par une voix profonde et théâtrale. Grandiose et tragique, « One Breath » confirme le talent immense de cette musicienne accomplie.

Dès les premières notes de « Suddenly » on est de suite pris par le tourbillon Calvi et on prend rapidement conscience de la puissance de ce nouvel album. Au travers d’un premier titre très folk et peuplé de chœurs, l’anglaise, comme à son habitude, nous surprend une fois de plus dans cette aisance à construire un titre alambiqué mais O combien addictif. On pense à Feist mais aussi ces voix d’opéra, elle qui avoue avoir appris à aimer le chant grâce à la Callas.

Et effectivement on retrouve ce lyrisme dans plusieurs de ces titres. Ainsi sur « Carry me over » ou « Bleed Into me » on découvre la puissance de la voix de l’anglaise que rien ne semble freiner en terme de créativité. Anna se permet tout et ose avec une classe folle et un aplomb impressionnant, nous proposant nombres d’expérimentations sur des titres comme « Piece By Piece » et « Cry » où entre rock décalé et fouillis addictif Anna Calvi réussit à faire transparaître ses sentiments au travers d’un tout très Pink Floyd aux relents de psychédélisme 70’s véritablement hypnotisant.

Théâtrale et tragique, l’univers d’Anna Calvi est à la fois complexe et attachant. Au travers d’arrangements somptueux, la miss a les moyens de ses ambitions et ne se perd pas dans une orgie musicale mais au contraire profite de cette chance pour apporter à son album une folie et une brillance à couper le souffle.

Naviguant élégamment entre rock western à la Ennio Morricone sur « Sing to me », lyrisme et grunge décapant sur « Love of my Life » au fatras rock très alléchant et aux guitares assourdissante, Anna Calvi se glisse dans chaque style avec une agilité musicale qui frise l’indécence. Elle a ce talent de réussir chaque transition et de passer d’un style à un autre sans perdre son identité et ce tout très personnifié qui rend son univers si attachant.

Anna Calvi signe avec ce deuxième album une pièce maîtresse dans sa courte mais déjà très riche carrière. Album profond, fouillé, travaillé et d’une classe absolue, « One Breath » fait entrer la britannique dans le clan très fermé des artistes intemporels aux talents multiples. Tel un caméléon, l’anglaise se glisse dans chaque style pour en ressortir un son très personnel et définit ses propres structures en réalisant des titres à la géométrie variable d’une beauté rare. Un très grand album!

Arnaud Le Tillau
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