Véritable performeuse d’un rock féminin, Anna Calvi nous revient plus bondissante que jamais au travers d’un nouvel opus intitulé « Hunter ». Dénonçant les codes d’une société hétérosexuelle, Anna Calvi fait entendre sa voix pleine et entière dans un album possédant une véritable âme. Excessivement libre dans son approche d’un rock protéiforme, elle nous impressionne de ses compositions sauvages et félines qui ne cessent de nous questionner. 

À l’image d’un premier titre au rock frontal « As a Man », Anna Calvi nous délivre des compositions honnêtes et franches qui à chaque fois atteignent leur cible. Entre pop et rock, elle déroule une mélodie entêtante et gracile qui, grâce à une voix puissante, donne au tout une coloration à l’élégance rare. Faisant exploser la frontière entre pop et rock, elle ouvre avec dynamisme un album étendard. Parfois indomptable et sauvage « Hunter », Anna Calvi ne cesse de surfer sur les différents styles pour mieux se les réapproprier sans jamais tomber dans une approche commune. 

Sur un « Don’t Beat the Girl out of MyBoy » mettant l’accent sur les stéréotype sexuels, Anna Calvi nous transporte dans une musique prenante, et de suite reconnaissable entre toutes. Chez la britannique point de pop tout venant, non, Anna Calvi ne cesse de se réinventer dans des compositions aux sonorités multiples qui par petites touches esquisse un rock au féminin excessivement dynamique. Avec Anna Calvi, les structures volent en éclat pour mieux se réinventer dans un concert de pauses et de voix porteuses rappelant beaucoup les folies vocales d’une Catherine Ringer du temps des Rita Mitsouko. On se laisse envoûter par ce chaud froid qu’elle ne cesse de nous envoyer au visage et qui nous colle au mur par la pertinence de son beat et de ses mélodies.

Capable de grands écart musicaux sans trahir son univers, Anna Calvi fait partie de ces artistes dont l’approche suffit à donner une atmosphère à un album. Planante et lyrique sur ce un titre comme « Swimming Pool », elle nous touche de sa pop folk aux réverbérations rock. Traçant sa voie simplement, la britannique ne s’enferme dans aucun style mais réussit de part sa voix à transformer tout ce qu’elle touche en un fratras pop rock aux envolées mélodiques extrêmement addictives. Travaillant une voix unique, elle se plait à en jouer avec vigueur pour nous entraîner dans un tourbillon mélancolique qui nous donne les frissons.

Il y a chez Anna Calvi une puissance artistique, un débordement musical, une inventivité à toute épreuve qui transcende une pop brillante. La jeune britannique réussit avec brio à trouver sa place dans ce marché pop saturé grâce à sa façon unique de construire des titres. Loin des canons du genre, elle ne répond à aucune mode et multiplie les cassures de rythme, les approches travaillées, les sonorités déroutantes pour mieux nous emporter dans un univers qui ne ressemble à nulle autre. Croisant le fer de ses guitares surgissantes, elle multiplie les solos et les bonnes idées rock pour mieux transmettre une émotion rare « Wish ».

Insaisissables, inventifs, dynamiques et mélodiques, les titres de ce nouvel album cumulent les bons points. Ils ont tous en commun un rock indélébile qui en filigrane ou beaucoup plus présent inonde nos oreilles d’une atmosphère extrêmement prenante. Nous enveloppant de ses rythmiques à la pop rock mélange d’expérimentation voire de solo de guitares au saturé épais, Anna Calvi mélange tout dans un concert foutraque et étonnement cohérent. On pense à l’inventivité de Queen et au groove d’un Lionel Richie tout en conservant cette liberté de voix digne des Rita Mitsouko. Anna Calvi se donne complètement pour ces titres qui n’en finissent pas de nous surprendre autant par leur éclectisme (et dieu sait que l’éclectisme est fatiguant) que par leur mélancolie. À la fois dynamique et planante, elle se joue des styles pour mieux imposer le sien mélange intelligent de rock, pop et folk. Il y a une âme dans cet album qui apparaît comme le plus grand à ce jour de la demoiselle.

Arnaud Le Tillau
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