Aliocha Schneider, ce nom ne vous dit rien ? C’est que vous n’êtes pas québécois ! Français d’origine, c’est à Montréal que le jeune homme mène depuis ses 12 ans une vie de comédien reconnue dans diverses séries locales et plusieurs longs métrages. Pourtant, à maintenant 22 ans, c’est la musique qui le fait vibrer et il nous le prouve au travers d’un premier EP lumineux et tourbillonnant.

Dès les premières notes de « Sorry Eyes », premier titre éponyme, on se retrouve pris dans un univers à la frontière entre une britpop dense à la Oasis et une pop ronde comme échappée des 70’s. Dessinant une musique efficace et sincère, il réussit à imposer un style qui, sans être loin des canons du genre, sort son épingle du jeu grâce à un travail fou d’orchestration. En effet, côté instrumentation Aliocha est loin d’être à la ramasse. Nous délivrant un petit bijou pop, il n’hésite pas à le faire traverser d’une partie instrumentale révélant une pop psychédélique très 70’s qu’il s’amuse par la suite à faire intervenir par petites touches.

Dans une instrumentation à l’épique Western, le Français sort le grand jeu sans nous prendre de haut. On est vite bluffés par cette aisance folle qu’il déploie dans des morceaux à la pop épique mêlant folk, pop et rock psyché pour un rendu extrêmement addictif. Rappelant beaucoup Sam Decoster, le franco-canadien nous propulse dans un folk pop qui, bien que respectant le classicisme du style, y adjoint une fraîcheur encore jamais vue, une sorte de tourbillon pop psyché donnant au tout un relief rare.

Follement folk sur le lumineux « Flash in the pan » rappelant les grandes heures de Simon & Garfunkel, où plus basiquement country sur le sage et fin « Into the Wild », Aliocha nous emporte dans une musique superbement travaillée qui pourtant semble d’une spontanéité à toute épreuve. Passant du folk rond et standardisé à une pop rock presque criarde, l’artiste ne prévient pas et c’est ce qui fait tout son charme.

Quelle voix ! Quel charisme pour un premier EP ! Aliocha met tout le monde d’accord au travers d’un EP ne comportant aucune composition faible. Capable de construire avec aisance des titres fédérateurs et diablement efficaces, il s’impose à nous comme une évidence. Dans cette façon d’oser, de secouer un style qui en a bien besoin il réussit avec une élégance folle et une créativité sans borne à nous emporter dans des titres faisant fi du passé dessinant sans conteste une nouvelle forme de folk, un tant soi peu libre et sans garde fou.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com