/// CHRONIQUES
Date d'ajout : 10-03-17

Albin de la Simone – « L’un de nous »

Véritable éminence grise d’une nouvelle scène française qui n’a maintenant de nouvelle que le nom, Albin de la Simone nous revient avec un cinquième album solo fin et voluptueux. Celui qui fut ces dernières années le pilier des derniers albums de Miossec, Vanessa Paradis ou encore Yann Tiersen, a trouvé un peu de temps pour nous concocter ce bijou pop au feutré criant. Évoluant dans son approche d’une pop sobre, le français nous sert un opus puissant et rond comme on aimerait en entendre plus souvent.

Quand on pense Albin de la Simone, on imagine d’abord cette voix unique, douce et mélancolique qui nous fait à chaque fois frissonner. C’est donc avec bonheur que l’on retrouve sur « Le grand Amour » cette voix si attachante. Dans une approche toujours aussi feutrée, le français pose ses doigts de velours sur une composition mêlant avec délicatesse pop aux harmoniques folles et chanson française dans un registre toujours aussi fin. Dessinant une symphonie de poche sur ce premier titre mixant violons, piano, guitares et une foultitude d’instruments acoustiques, Albin nous touche et nous enivre délicatement de son originalité d’orfèvre pop.

Deux jours. C’est le court laps de temps qu’il aura fallu au français pour enregistrer le socle piano voix de cet album. Délaissant une « instrumentation first » pour une approche plus près de la mélodie, le français a construit cet album autour de ces mélopées. Les titres du français s’en trouvent libérés et logiquement moins dans le moule Albin de la Simone. Ainsi sur « Dans la tête », on ressent pleinement les libertés prises par son batteur qui se plaît à multiplier les fill pour mieux appuyer les entrées en refrain. Albin semble partir sur des chemins de traverses un peu plus loin que cette sacro-sainte pop minimaliste qu’il maîtrise à la perfection.

Se suffisant d’un piano voix à l’image du magnifique « A quoi » en duo avec Sabine Sciubba, le français a privilégié le respect de la diction à l’instrumentation. Ainsi chaque composition a dû se nourrir de ces dictions imposées pour mieux souligner les décrochages, les fuites d’une mélodie toujours très légère et excessivement douce.

Au travers d’une approche ludique dans une musique mêlant ritournelles enfantines et mots d’adultes, Albin de la Simone s’amuse à nous plonger dans les vapeurs d’une enfance inventive. Il en ressort une musique rare et faussement candide comme peut le faire un Souchon. On retrouve cette même imagination, cette même façon de dire les choses en gardant ce regard d’enfant triste et diablement réaliste.

À l’image de son dernier album, le français chante l’homme émotion au travers de compositions mettant en avant une réalité simple et aimante d’un père, d’un mari conscient des qualités de son entourage. Que cela soit dans « Une femme » ou « Embrasse ma femme », le français fait l’éloge de l’homme normal composant avec ses failles, ses peurs, ses doutes tout en gardant son approche éminemment enfantine.

Nous emportant pour la première fois dans une instrumentation à la richesse insoupçonnée, Albin de la Simone puise dans le talent de ses musiciens pour souligner le fourmillement de ces différents titres et donner au tout un swing inclassable. Ainsi sur « L’un de nous », titre éponyme au bondissant feutré, il nous enveloppe dans une composition virevoltante et pointilleuse. La politesse du français s’envole progressivement grâce aux percussions tendrement dissonantes que Jacques Tellitocci met en place pour le plus grand plaisir de nos oreilles. On est envoûté par cette musique qui murmure sa différence avec véhémence. Magnifique !!!

Riche de son grain de voix et de sa simplicité instrumentale , Albin de la Simone n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour briller. Mais d’un brillant mat, de ces brillants qui peuvent parfois passer inaperçu mais qui une fois découverts supplantent tout les autres. À l’image d’un JP Nataf ou d’un Souchon, le français réussît à transcender une pop aux couleurs enfantine. Vieillissant admirablement bien avec le temps, s’arrondissent de jour en jour tout en gardant cette saveur salée et piquante qu’ont les bonnes surprise, la musique du français nous apaise.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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