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Date d'ajout : 06-06-14

Albin de la Simone envoûte les Bouffes du Nord

C’est dans un théâtre des Bouffes du Nord comble que s’est produit Albin de la Simone le 3 juin dernier. L’artiste y défendait son 4ème album « Un Homme ». Accompagné d’un violon et d’un violoncelle, le picard nous livre une prestation sobre et profonde aux chansons délicates et piquantes, nous réservant quelques surprises.

Albin de la Simone envoûte les Bouffes du NordDans un décor des plus spartiates, le français au costume cravate impeccable, débute une première partie seul au wurlitzer. Voix douce, gestes délicats, à la fois dépouillé et esthétique, Albin de la Simone nous enveloppe sur « Ma crise ». Silhouette frêle et fragile, il nous offre des titres aux faux airs de comptines et aux textes réalistes.

Mélangeant morceaux d’hier et d’aujourd’hui il construit progressivement son univers à la douce poésie et à la noirceur sous-jacente. Proposant un jeu de scène discret et fin sur « Moi moi », il prend possession progressivement de cette salle mythique en ne boudant pas son plaisir de jouer avec un public conquis d’avance.

Limitant au plus strict minimum l’amplification des instruments (seuls la voix et le wurlitzer sont amplifiés), Albin de la Simone utilise l’acoustique de la salle pour nous envelopper de ses mélodies. Rejoint par Maëva Le Berre au violoncelle et Anne Millioud-Gouverneur au violon, il ouvre cette deuxième partie par le tragique et badin « Mort en plein air ». Retenu, pudique, Albin raconte la vie à sa manière entre réalité crue et mélodies enfantines. Telle une caresse, les sonorités et les arrangements travaillés rendent « Mes épaules » terriblement touchant.

À l’image de Miossec sur le magnifique « Ici hier », où le breton nous envoûte de sa voix parcheminée, Albin de la Simone enchaîne les duos avec Camélia Jordana sur « La première femme et ma vie » puis Vincent Delerm ou Lou Doillon pour une magnifique reprise feutrée de « Fade to grey ». Doucement, la salle chante à l’unisson, emportée par cette magie que le maître de cérémonie sait si bien semer.

A l’aise dans cette salle aux murs délavés, Albin de la Simone nous a proposé un concert poétique, nous faisant oublier pour quelques temps le tumulte quotidien. Au travers d’arrangements nuancés, il nous enveloppe de ses sonorités acoustiques en présentant « Un homme » brut et sans fioriture, peuplé de chansons apaisantes. Tel un magicien du son discret et espiègle, Albin de la Simone nous offre un spectacle doux et piquant. On en ressort émerveillé.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com


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