Le premier album après un passage dans un télé-crochet est toujours une étape délicate à gérer. Al.Hy, finaliste de la saison 1 de The Voice, saute enfin le pas avec « Alphabête », un premier album qui se paie le luxe de remettre au goût du jour une variété française bien souvent moribonde, en y injectant une bonne dose de pop/rock sans jamais verser dans d’horripilantes prouesses vocales. La chanson avant-tout, et c’est bien.

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Al.Hy n’a que 20 ans, et ce qui frappe avant tout, c’est l’étonnante maturité d’« Alphabête ». Des mélodies bien tournées, des arrangements souvent malins… des artistes francophones avec un bagage bien plus important passent souvent à côté de ces simples éléments qui semblent évidents pour la jeune Ophélie.

Aux premiers notes de « Lalalavie » c’est la face pop/rock qui l’emporte. La voix est là, puissante (la place en finale de The Voice » n’est pas usurpée), mais surtout le refrain est imparable. De la variété au sens propre du terme, à savoir abordable et efficace, mais toujours avec finesse et nuances.

On traverse les décennies de pop française en hésitant entre du Joe Dassin modernisé sur le sympathique « Tu veux me connaître », un mix de Niagara et Lilly Wood & The Prick sur « Echos », voir même une ligne mélodique qui rappelle le bon temps du duo JP Nataf et JC Urbain des Innocents sur « Petite chose ». Bref, que du très bon. (Si l’on admet que « Dans les yeux d’Emilie » est un petit chef d’oeuvre de mélodie !)

Mais Al.Hy, c’est surtout une identité bien à elle, qui nous sort immédiatement de l’ex-candidate qu’elle a été. Le guitare/voix « Temps X » nous bluffe par sa simplicité et son gimmick imparable. Une sorte de démo sur K7 audio écrite par Mickaël Furnon, qui signe aussi le single « Tous seuls au monde », titre un peu trop formaté mais à l’impact indéniable.

Al.Hy surfe donc entre les styles sans en faire trop. Ici pas d’exercice de style vocal outre-mesure malgré un grain qui s’y prête et une image de « chanteuse à voix » que l’on oublie vite au profit d’une artiste complète et qui a prit le temps de construire un album de bonnes chansons, tout simplement. Sans chercher à être original à tout prix, « Alphabête » sort du lot de la variété française dite « grand public » et souvent trop formatée. Constat d’autant plus étonnant venant d’une ancienne membre de la team Jenifer, ou quand l’élève dépasse le « maître »…

Marty Tobin
marty.tobin@quai-baco.com