C’est l’histoire d’une rencontre entre un trio musicien issu du groupe d’électro Kid Wise et de Mathilda, jeune chanteuse française au grain de voix unique. Construisant une musique à l’électro rêveuse et vaporeuse, les français d’After Marianne nous emportent dans un univers à l’esthétique travaillée et à la douceur hypnotique.

Démarrant sur un morceau introductif de moins d’une minute plantant pleinement le décor, les Français n’hésitent pas à imposer leur vision d’une musique à l’électro conceptuelle. Véritable sas de décompression, ce « God Speed » annonce de suite la couleur. Cette musique au planant filigrane, au souffle fort et tangible, semble nous apaiser en une fraction de seconde. On plonge avec bonheur dans cette soupe électro ambiant, véritable préambule au voyage à venir.

Piano voix soufflé sur « Take Care », Mathilda n’a pas son pareil pour nous envoûter de sa voix ronde et mélancolique qui semble nous envelopper de son aura. On est vite sur une autre planète dans une sorte de folk spatial rappelant beaucoup Other Lives. Peuplée de réverbérations, la musique des Français nous fait frissonner de cette gravité saine et ancrée dans une musique à la sobriété de mise.

À l’image du magnifique duo avec Julien Doré, « Love is just a game », la musique d’After Marianne nous étreint, nous vide de cette tristesse sourde, et l’on en ressort apaisés. Charpente indéniable du groupe, la voix de Mathilda apporte un souffle, une douceur vibrante qui ne nous laisse pas indifférents. On vibre plus que de raison sur ce mélange de sonorités acoustique (piano) et de claviers planants. On se laisse emporter par cette approche synth pop excessivement enveloppante.

Délaissant la pop atmosphérique pour s’aventurer sur les plaines de l’expérimentation, les compères dessinent sur le dernier titre une ouverture musicale folle. S’amusant avec les sons parasites, ils nous servent un « Space » puissant et lent. Dessinant progressivement une fresque à la mémoire de forme, ils y intègrent une réverbération de plus en plus longue pour nous imprégner encore un peu plus de cette musique spatiale. Les Français prouvent avec insolence leur talent dans ce dernier titre excessivement bien formulé qui clôt admirablement bien l’album sur le son d’un lancement de fusée.

Dans une approche entre pop harmonique et expérimentation mélodique, After Marianne nous impressionne de sa créativité. En orchestrateurs de génie, ces artistes nous emportent dans des vallées soyeuses pleines d’un souffle rare et précieux. À l’image des vagues, la musique d’After Marianne joue sur ce mouvement lent et jubilatoire qui nous imprègne vite et nous laisse bouche bée.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com