Il n’est pas toujours facile d’assumer sa filiation, notamment lorsque son père s’appelle Leonard Cohen. C’est pourtant sous son véritable patronyme, qu’Adam Cohen nous propose pour cette rentrée son 4ème opus. Celui pour qui les premiers albums étaient, selon les critiques de l’époque, prometteurs, semble cette fois ci confirmer son talent dans un « We Go Home » au folk lourd et granuleux.

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Pourtant, c’est au travers d’une musique un peu coulante que le franco-canadien ouvre cet album. Guitare aux arpèges un peu gentillets, Adam Cohen semble nous chuchoter à l’oreille de sa voix douce au grain reconnaissable. Que cela soit sur « Song of me and you » ou « Too Real », il mélange subtilement mélodies romantiques et arrangements sobres. Jouant sur deux tableaux à la fois, il construit avec une sincérité sans égale une sorte de folk viril à mi-chemin entre romantisme et brutalité.

Passé ces deux morceaux, on entre vite dans le vif du sujet au travers du titre éponyme « We Go Home ». Beaucoup plus rythmé et à l’univers beaucoup plus noir, le fils de Leonard Cohen y tapisse de son piano brut un arrangement bassu. Couplets sobres ouvrant la voie à un refrain à la mélodie imparable, la voix du Canadien fait le reste nous envoûtant de son timbre lourd et granuleux. Terriblement chaleureux, il tape dans le mille sans révolutionner le style mais en réalisant une musique porteuse à cheval entre Arcade Fire et le folk nature de Radical Face.

Touchant parfois du doigt un folk proche de Bob Dylan, il nous surprend par son aisance à nous proposer des titres imparables. La musique d’Adam Cohen se nourrit de cette folk dont les Canadiens sont les dignes représentants. Peuplée de chœurs, de mélodies mélancoliques et de guitares en arpège, ses chansons s’inscrivent dans une tradition très en place. À l’image du magnifique titre « Uniform », la musique du franco-canadien colporte des valeurs proches du folk des années 70.

Mais c’est clairement sur « What King of Woman » que l’album atteint son climax. Après une superbe intro au piano, le titre se transforme en un hymne entre soul et folk qui nous laisse bouche bée. Travaillant un peu sur les plates-bandes de son père pour notre plus grand plaisir, il nous livre un superbe titre excellemment bien chanté et arrangé qui nous procure de véritables frissons.

Génial de créativité, ayant hérité d’une voix admirable, Adam Cohen apporte à la folk ce caractère un peu solennel qui lui manque tant. Intégrant dans chacun de ses titres une rigueur parfois nécessaire, il embellit grandement des titres éminemment bien pensés. Parfois un peu décevant sur certains arrangements dégoulinant de cordes pour un rendu pas forcément au rendez-vous, « We Go Home » reste un album extrêmement bien construit dans lequel le Canadien développe un véritable talent de songwriter.

Arnaud Le Tillau
arnaud.letillau@quai-baco.com